lundi 12 décembre 2011

Le Nigeria, ma nouvelle famille, la ou je suis devenue la femme de toute une population, "Iyawo" en Yoruba!

J'ai adore le Nigeria. Cela a confirme mes attentes, mes impressions données par les divers nigérians rencontres avant. Plus moderne, civilise et respectueux que le Ghana, avec une culture fière qui ne se ridiculise pas, libre d'absorber des influences étrangères tout en gardant les fondamentaux traditionnels familiaux et sociaux - on se prosterne respectueusement devant une personne plus âgée -, une langue délicieuse, une cuisine resplendissante et pleine de goût, une mode fabuleuse et quotidienne tant pour les hommes que les femmes, des tissus magnifiques, une société organisée et stricte qui se respecte et qui avance au gré des diverses corruptions, des batailles politiques qui impliquent toute famille, dont l'on entend parler dans tous les salons.. Tous sont impliques.. Une société et culture qui me rappelle la France, avec du goût, des traditions, de l'innovation, des critiques, de l'engagement politique...
Mais qui se trouve physiquement en Afrique, avec encore une mentalité africaine et une structure et administration fédérale dans laquelle ne se retrouve pas les sociétés Yoruba, Haussa et Igbo...

Un réseau routier presque au niveau de l'Irlande, deux fois plus développé que le Ghana qui en comparaison est une société qui sort juste des buissons. Oui Lagos semble fou dans un entremêlement de camions, voitures, bus et la danse en zigzag des motos. Mais c'est une capitale (anciennement politique, aujourd'hui seulement économique du Nigeria) moderne avec des bouchons pas plus importants qu'a Paris. Ce qui est dangereux c'est l'absence de trottoirs et le risque de se faire happer par un bus en marchant sur les bas-cotes. C'est une capitale a la vie chère. Sans réseau électrique stable. Quel dommage que cette société si riche en ressources humaines et physiques, soit handicapée par une corruption rampante qui contamine tous les niveaux. Un réseau électrique qui résiste au développement car tant de personnes profitent d'un gain important dans la consommation faramineuse de diesel utilisé pour alimenter les générateurs allumés presque a 100% dans une journée type de travail par une banque, un hôpital, une entreprise... Alors le Nigeria, en concurrence économique avec le Ghana qui a d'abord privilégié leur réseau électrique devant le réseau routier, voit certaines industries quitter Lagos pour s'installer a Accra, malgré des ressources humaines tant en production que consommation plus intéressantes au Nigeria. Mais comment produire sans électricité stable? Pour combien de temps encore?

Le Nigeria, carrefour de trois cultures africaines venant du Nord, de l'Ouest et de Sud-Est, est un de ces pays victimes de ces anciennes frontieres coloniales, qui a reuni des tribus si differentes sous une meme nation, un pouvoir federal qui loin de ces cultures ancestrales et sans savoir intégrer les pouvoirs et facultés de chacune d'entre elles, se compromet en profitant des richesses de chaque état et taisant les rebellions des communautés exploitées, s'enrichit les poches. C'est au bon vouloir et a l’intégrité des gouverneurs de chaque état que le développement se fait. De ce fait, la population suit et intervient plus dans la politique de leurs gouverneurs, respectant plus une politique locale qui justement entretient encore des liens avec les pouvoirs traditionnels des chefs et rois toujours en place. Une nation ou le president devrait garder seulement un rôle dans les affaires etrangeres et donner la responsabilite des affaires interieures a chaque etat, ou la corruption serait plus difficile a cacher et les pouvoirs plus respectes, car plus proches de la population.
Mais les nigérians, négatifs et pessimistes, (comme les français d'ailleurs), qui ont vu des essais de changement sans cesse fusillés, ne croient plus a un changement possible dans leurs pays et excuse les échecs et lenteurs a une corruption maintenant attribuée au caractère naturel de leurs concitoyens. Alors ils partent, s'expatrient...

Ce pays est passionnant de contradictions, de cultures qui s'entrechoquent, de traditions qui font face a une modernité, de beautés sauvages... Mais chaque jour, quand on achetait le journal, la une rapportait une déclaration d'un des groupes rebelles du Nord ou du Sud menaçant d’enlèvement d’étrangers! Alors Bolaji et sa famille, malgré ma résistance, m'ont a moitie "cloisonnée".. Surprotégée contre la chaleur et les supposés dangers extérieurs, et malgré mes petites escapades rapidement stoppées et qui ont valu a Bolaji des engueulades de ses parents et frères et sœurs, mon corps avait besoin d'air, assise toute la journée a l’intérieur, mon estomac et ma tête se plaignaient. Alors a force de convaincre Bolaji, on sortait pour la journée, pour découvrir et ressentir. Chaque sortie nous a valu des aventures intéressantes avec des motoristes menaçants et entubeurs et des policiers avides de pouvoir, un arrière de bus lagotien qui m'a abîmé l’œil après 5 jours a l’intérieur et 10 minutes de marche. Résultat, nous avons tous les deux fait un ulcère, lui d’inquiétudes et moi par manque d'air et d'exercice. Nous avons eu besoin de 5 jours a Accra pour récupérer de maux d'estomac!
Sinon sa famille est géniale, libre et chaleureuse. L’état d'Ondo, deux heures a l'est de Lagos, ou il est né et a grandi est riche, vert et magnifique en paysages sauvages.
J’espère qu'on y reviendra bientôt, peut-être pour y développer un tourisme vert??!!

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